Capharnaüm

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La bourgade

Capharnaüm[1], Kephar-Nahum, c’est-à-dire « Village de Nahum[2] », c’est-à-dire village de la Consolation. C’était l’une des nombreuses bourgades bordant le lac de Tibériade[3], mais sa situation à la frontière, sur le chemin des caravanes, la rendit particulièrement prospère. Capharnaüm fut un poste frontière aux confins des Etats des tétrarques Hérode et Philippe. Ce village possédait un bureau de douane[4]. Un centurion romain y commandait un détachement romain.

Lors de la deuxième révolte juive, de nombreux juifs s’installèrent en Galilée, et donc à Capharnaüm, lorsqu’ils furent chassés de Judée par Hadrien.

 

Jésus et Capharnaüm

En quittant Nazareth, Jésus s’établit à Capharnaüm, descendant avec sa mère et ses frères (cf. Jn 2,12). « Quand il eut entendu que Jean avait été livré, il se retira en Galilée et, abandonnant Nazareth, il vint établir sa maison à Capharnaüm, qui est au bord de la mer, dans la circonscription de Zabulon et de Nephtali, afin que soit accompli l’oracle du prophète Isaïe : Terre de Zabulon et de Nephtali ! Chemin de la mer, au-delà du Jourdain ! Galilée des Nations ! Le peuple qui demeurait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur ceux qui demeuraient dans la contrée et dans l’ombre de la mort une lumière s’est levée » (Mt 4,12-16). Ce déménagement de Jésus au bord de la mer annonçait l’évangélisation des Nations (cf. Mt 28,19). La Consolation, n’est-ce pas un titre messianique ? Capharnaüm[5] fut le centre de la prédication de Jésus. C’était sa ville (cf. Mt 9,1). De là il rayonnait dans toute la région.

 

  

 

Il fit de nombreux miracles à Capharnaüm[6], dans la ville, dans la synagogue, ou dans la maison.

Dans la ville, il guérit l’enfant du centurion (cf. Mt 8,5-13 ; Lc 7,1-10 ; Jn 4,46-54), une hémorroïsse et il ressuscita la fille de Jaïre (cf. Mt 9,18-26).

Dans la synagogue, il enseignait le jour du sabbat. « Ils étaient frappés de son enseignement, car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes » (Mc 1,21-22 ; cf Lc 4,31). Il y prononça le discours du pain de Vie (cf. Jn 6). Il y guérit un démoniaque (cf. Mc 1,23-28).

Dans la maison de Simon et d’André, il guérit la belle-mère de Pierre (cf. Mc 1,29-31), ainsi que de nombreux malades et démoniaques, le même soir (cf. Mc 1,32-34). Il guérit également un paralytique et il affirma qu’il avait le pouvoir de remettre les péchés (cf. Mc 2,1-12 ; Mt 9,1-8). Dans sa maison, alors qu’il était à table avec ses disciples, beaucoup de publicains et de pécheurs, il dit : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Mc 2,17). Il discuta dans cette maison avec ses disciples, lorsqu’ils se demandaient en chemin qui était le plus grand (cf. Mc 9,33). Est-ce sa maison ou la maison de Simon Pierre dont il occupait une partie ? « Le Fils de l’homme, lui, n’a pas où reposer la tête » (Mt 8,20).

 

Enfin, enseignant et prêchant dans les villes de ses douze Apôtres, il se mit à invectiver contre Capharnaüm, parce que cette ville n’avait pas fait pénitence à la vue de ses miracles : « Et toi, Capharnaüm, crois-tu que tu seras élevée jusqu’au ciel ? Jusqu’à l’Hadès tu descendras. Car si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, elle subsisterait encore aujourd’hui. Aussi bien, je vous le dis, pour le pays de Sodome il y aura moins de rigueur, au Jour du Jugement, que pour toi » (Mt 11,23-24 ; cf. Lc 10-15).

 

Visite

Voici à présent ce que nous allons visiter : la synagogue, un quartier de l’époque romaine, l’église octogonale et un musée en plein air.

 

  

 

            La synagogue

En gravissant quelques marches, on parvient au perron qui longeait la façade principale, d’où l’on pénétrait dans une grande salle réservée aux hommes. Les femmes avaient accès aux tribunes par une porte ouvrant à l’arrière de la synagogue. La salle de prière est orientée vers le sud : ainsi les fidèles priaient tournés vers Jérusalem. Le mur de fond est encore debout, ainsi que la colonnade soutenant la tribune. A droite, la synagogue communiquait avec une cour : sur le pavement, on peut voir le tracé de jeux populaires (marelle, jeu de l’oie…).

Cette grande synagogue que l’on voit aujourd’hui est d’époque byzantine, mais l’archéologie atteste la présence d’une synagogue du premier siècle juste en dessous de celle-ci. Se serait celle où Jésus a prêché et guérit le démoniaque (Mc 1,23).

 

         Le quartier d’époque romaine

Il groupe des maisons particulières formant une « insula » limitée par des rues. Les différents niveaux archéologiques découverts lors de la fouille allaient du 1er siècle avant au 5ème siècle après Jésus Christ.

 

         L’église octogonale

Elle fut construite au 5ème siècle après Jésus Christ. Le sol était recouvert de mosaïques. En dessous se trouve un sanctuaire du 4ème siècle. Le centre de celui-ci correspondait à une ruine d’habitations de pêcheurs de l’époque romaine. Maison modeste, elle reçut au cours des siècles suivants plusieurs enduits intérieurs en plâtre. Certains fragments de ces induits retrouvés dans les fouilles portaient des graffitis en plusieurs langues (grec, araméen, latin…), mentionnant notamment le Christ, Pierre, Rome…

 

  

 

         Le musée en plein air

Une colonne avec une inscription araméenne. Un bas relief avec un chariot portant un temple miniature à colonne, considéré comme une représentation de l’Arche d’Alliance.

        

Des lions (sans têtes), une tête de taureau au sommet d’une colonne. L’étoile de David sur un linteau.

Un chapiteau avec un chandelier à sept branches (ménorah) sur lequel on a posé un fragment de sculpture représentant un autre chandelier surmonté d’une coquille. Un linteau sur lequel est sculpté une armoire à torah.

 

Mosaïque de l’église octogonale.

Meules à grains et mortiers.

Pressoirs à huile.

 

[1] Tell Houm aujourd’hui.

[2] Nahum signifie « consolé ». Nahum d’Elqosh, un des douze petits prophètes, annonce et décrit, peu avant 612, la ruine de Ninive (cf. Na ; Tb 14,4 ; So 2,13-15). Un Nahum est ancêtre de Jésus selon la généalogie de saint Luc (cf. Lc 3,25).

[3] Elle est située à 4 km à l’Ouest de l’embouchure du Jourdain dans le Lac de Guennésareth (ou Kinnérèt, ou Tibériade).

[4] Jésus y appelle Lévi (cf. Mt 9,9 ; Mc 2,13-14 ; Lc 5,27-28). Les collecteurs du didrachme demandent à Pierre si leur maître paie le didrachme (cf. Mt 17,24-27).

[5] Seize occurrences dans le Nouveau Testament.

[6] Cf. Lc 4,23. Jésus disait dans la synagogue de Nazareth : « A coup sûr, vous allez me citer ce dicton : Médecin, guéris-toi toi-même. Tout ce qu’on nous a dit être arrivé à Capharnaüm, fais-le de même ici dans ta patrie. »